31 mars 2008

Deadline pour le CEEA

C'est aujourd'hui la deadline pour le concours 2008 du CEEA. J'ai envoyé mon colis il y a quelques jours déjà (les échanges postaux internationaux sont d'une lenteur...), mais j'ai attendu aujourd'hui avant de vous faire un petit compte-rendu.

Ce n'est pas la première fois que j'écris pour une deadline. Mais c'est la première fois que j'ai été pris de cours. Sujet donné le 3 mars. Colis envoyé le 26. Ca fait 23 jours pour torcher 10 pages sur base d'un sujet moyennement bandant.

Enfin, je ne vais pas me plaindre du sujet de départ: il laissait la porte grande ouverte à beaucoup de conflit. Mais c'est le décor - un club de vacances - qui, pris au premier degré (je n'ai pas eu envie de détourner la consigne), était assez limitatif, et, pire, propice aux clichés. Alors, oui, mon histoire se déroule au Club Med, et oui, il y est question de tromperie. Malgré tout, j'espère ne pas avoir trop donné dans le déjà-vu.

Il m'a fallu environ 10 jours pour trouver l'idée de base de mon synopsis. J'ai envisagé pas mal de pistes différentes. Le point de départ, c'est que je voulais faire une comédie. Ma première idée était: "un candidat récalcitrant de Qui veut gagner des millions finit, après avoir donné beaucoup de mal à Jean-Pierre Foucault, par gagner le jackpot et part en vacances. Foucault, lui aussi, part en vacances... pour du repos bien mérité. Sauf que voilà, il se retrouve sur la même île privée que le candidat. Et c'est parti pour les gaffes et les quiproquos, qui vont faire des vacances de l'animateur un enfer."

J'ai développé cette idée pendant quelques jours, avant de me rendre compte que le candidat n'avait aucune raison d'ennuyer Foucault sans en devenir antipathique, et Foucault, aucune raison de rester sur l'île. Grosso modo, je n'ai pas su trouver un élément pour les réunir. Pas d'élément assez convaincant, en tout cas. C'est là qu'on voit le talent de Veber, qui réunit Pignon et Brochant pendant toute la durée du Dîner de Cons, alors qu'ils ne sont pas fait pour s'entendre.

Je n'ai pas cherché plus loin, et je suis passé sur une deuxième idée, un peu moins légère: un père en vacances y retrouve son fils qu'il n'avait plus vu depuis 15 ans. Ils vont apprendre à se parler, et finir par se réconcilier. C'est cette idée là que j'ai développé jusqu'au bout, sous forme d'une comédie douce-amer. (La tromperie, c'est l'intrigue secondaire)

J'ai commencé à écrire le synopsis pour cette version-là le 11 mars. La première page n'a posé aucun problème, et puis il m'a fallu réfléchir plus loin: comment tenir la distance? Jusqu'au 19 mars, je n'ai plus rien écrit! Et ensuite, du 19 au 25, j'ai écris à la vitesse de l'éclair. Mine de rien, c'est long 10 pages de synopsis. Surtout que le style du synopsis se rapproche du roman, c'est dense.

J'écris principalement la nuit, entre minuit et 4 heures du matin. C'est un moment de grâce, silencieux, où il ne reste plus grand monde sur MSN, où le téléphone ne sonne pas. En 6 jours, j'ai terminé le truc. Par contre, le dernier soir, je n'ai pas pris le temps de relire. Le lendemain matin, à 7 heures, avant de partir à un entretien d'embauche important (j'étais complètement vanné, oui), je relis le truc, et je trouve d'horribles fautes d'orthographe. Mince. Et je me rend compte qu'il n'y a pas de fin. Mon intrigue secondaire est laissée en plan.

Entre 7h30 et 8h00, sorti de la douche, je tape encore une demi-page pour mieux conclure l'histoire. 8h00, pas le temps de relire, mon bus n'attend pas. J'imprime le tout sans voir les énormités, et je file.

13h00, l'entretien d'embauche est fini (je ne suis pas pris...). Sur le chemin vers le magasin de photocopies, je trouve encore des fautes d'orthographe. Misère. Je les corrige au stylo-bille, le plus proprement possible, mais je me dis que je suis un beau branleur. Avec un jour de plus, ou une voiture, j'aurai pu passer chez moi et retaper tout ça sur l'ordi. Là, je suis dans le métro, avec mon synopsis bancal à moitié sur le genoux, et je corrige des fautes énormes.

15h00. Le bureau de poste où je comptais aller est fermé. Définitivement. Restructuration. Super.

16h00. A pied, j'arrive enfin au bureau de Poste le plus proche (proche étant relatif). Je suis complètement crevé, et j'ai juste envie de dormir. Je fais la file, j'envoie le tout (11€ de timbres!), et je rentre chez moi en me disant que je suis un amateur fini.

17h00. A la télé, on passe le Destin de Bruno. Grosso modo, ça parle d'un père qui retrouve son fils, à qui il n'a plus parlé depuis 20 ans.

Là, je m'écroule.

20 mars 2008

Le diable est dans les détails

Le style d'un scénario n'est pas propice aux détails. Or, paradoxalement, le rôle d'un scénario est bien de "détailler" les scènes, les personnages, et les décors, n'est-ce pas? C'est justement pour décrire les choses avec précision, mais sans entrer dans les détails, que le talent du scénariste est mis à contribution.

On sait que l'écriture d'un scénario doit être brève, précise, concise. Guère plus que quatre lignes par paragraphe, que ce soit dans les descriptions ou dans les dialogues. Même un roman de Dan Brown - pourtant champion des phrases courtes et des descriptions succinctes - est trop littéraire pour un scénario.

L'erreur du scénariste débutant part d'une bonne intention: raconter une histoire en images. Dés lors, il va s'efforcer de décrire les images qu'il voit dans sa tête. Le problème, c'est qu'à la lecture, chacun se crée son propre "univers" visuel. Et que même trois pages de descriptions ne pourront pas suffire pour faire coïncider cet univers avec celui de l'auteur. Il est donc inutile de décrire longuement des images très précises.

Ceci dit, il est bon d'écrire "en images". C'est là toute la subtilité. On vise l'efficacité plutôt que l'authenticité. Qu'est-ce que cela signifie? Prenons un exemple concret.

Dans un scénario de science-fiction, on doit décrire un poste de commandement d'un vaisseau spatial très complexe, bourré de gadgets électroniques et d'écrans de toutes sortes. En tant que scénariste, on s'est renseigné, on a fait des recherche dans les archives de la NASA pour reproduire le plus fidèlement possible les commandes. Comme on veut faire un film réaliste, on a très envie de faire passer toutes ces informations dans notre description.

Et bien, non. Il faut s'abstenir. Si l'on prend une demi-page pour décrire le poste de commandement, on n'écrit plus un scénario, on fait un mode d'emploi de soucoupe volante. On va donc se limiter à décrire - en quelques mots, tant pis pour les détails - les éléments de décors qui vont SERVIR aux personnages. Les accessoires, en quelque sorte. Si ça ne sert pas, c'est de la décoration, et tant pis si dans la réalité cet élément de décor est en fait un refroidisseur à carbone thermo-tempéré à combustion double indispensable au bon fonctionnement du vaisseau. Si un personnage ne s'en sert pas, on zappe.

Ce qu'il faut faire, c'est décrire l'ensemble en une phrase, et ensuite éventuellement détailler les éléments indispensable. Exemple:

INT. POSTE DE COMMANDEMENT - NUIT

La cabine de pilotage est bourrée d'écrans de contrôle et de gadgets informatiques qui clignotent et font des bips. Des cadrans indiquent les niveaux de carburant et d'oxygène. Au milieu, un siège baquet fait face à un guidon.

Et c'est tout. Il n'en faudra pas plus pour tenir tout le film. J'avais pourtant bien envie de décrire le guidon en carbone renforcé plus en détails, parce que c'est un nouveau modèle vraiment prometteur, et c'est un peu de l'anticipation sur les technologies du futur, ça renforce le réalisme. Et bien tant pis. Le réalisme devra être dans le comportement des personnages, dans leurs paroles, pas dans les descriptions.

L'autre erreur, c'est d'utiliser les mots "un genre de" (ou "une sorte de") pour décrire quelque chose d'inhabituel. "C'est un genre de vélo un peu bizarre". "C'est une sorte d'ordinateur mais avec une antenne géante"... Vous voyez le principe. C'est de l'écriture fainéante. Ca ne décrit rien. Soyez plus précis. Il ne faut pas tourner autour du pot.

La dernière erreur, c'est de vouloir transmettre sur papier une "ambiance" que seul un style de réalisation peut restituer. Je pense à un film comme "Lost in translation". Il ne vaut que par son style éthéré, un peu distant, très bizarre. "Une sorte de" solitude. "Un genre de" mélancolie. Passer son temps à vouloir décrire ce type d'ambiance avec des mots, c'est une entreprise vouée à l'échec, à moins d'écrire de la poésie. Il ne faut pas prendre la place du réalisateur. Les scénaristes racontent l'histoire, point barre. Ca me rappelle une séance d'écriture en groupe, où les autres voulaient absolument faire passer le fait qu'un orage était "surréaliste, mystérieux". Ca ne m'évoquait rien. Ils m'ont alors décrit la façon de le filmer. C'était beaucoup plus clair dans ma tête, mais impossible à "caser" dans un scénario. La solution à été de dire: un orage étrangement violent. C'est un assez mauvais compromis. Il aurait été mieux de ne rien écrire du tout.

A moins d'être sûr de provoquer dans la tête du lecteur une image bien précise ("c'est Tien-An-Men mais avec des éléphants", tout le monde voit la scène), il est inutile de vouloir décrire des choses, des ambiances, que chacun ressentira différemment. Concentrez-vous plutôt sur l'intrigue, car le diable est dans les détails.

09 mars 2008

Des 52 minutes sur TF1

Je poursuis ma recherche du renouveau des séries françaises... Ce renouveau passe par le format 52', plus dynamique que l'antique 90'. Le but du jeu est de trouver un concept de série attrayant ET novateur ET en prime-time ET grand public ET sur TF1. Sacré défi!

Mais il y a un hic: TF1 n'aime pas programmer des 52 minutes, parce que ça bouscule sa grille des programmes. C'est difficile à imaginer qu'une raison aussi simple mette en péril le renouveau de la fiction télévisuelle française, mais si nous nous mettons quelques instants dans les bottes du programmateur, tout va s'éclaircir.

La grille des programmes (leur agencement horaire) est la principale marque d'identification d'une chaîne de télé: une grille des programmes stable, c'est des taux d'audience stable, et donc des entrées financières stables. C'est ce que TF1 recherche.

Les 52' désorganisent la programmation de soirée. Et il est prouvé que la programmation de deux 52' minutes l'un après l'autre fait perdre à la chaîne de télévision une partie de son public (qui part pendant la pause publicitaire).

Ca, c'est le discours officiel. En réalité, TF1 diffuse de nombreux "blocs" de 52' minutes, mais à la nuance... que ce sont des séries américaines! Là, pas de problème de programmation: ça coûte rien et ça rapporte gros.

Mais arrêtons ici les gémissements. Nous partons plus faibles, il va falloir ruser.

Première étape du plan: "know your enemy". Enfin, "know your partner", mais parfois on aurait tendance à confondre les deux... La nouveauté, c'est que Takis Candilis ne s'occupe plus des séries télé sur TF1. Il a été remplacé par Laurent Storch, ce qui laisse le faible espoir d'un changement de politique (mon cul c'est du poulet, mais je suis optimiste). Ceci dit, un survol de la carrière du gusse nous laisse entrevoir un bon soldat de l'audience, peu soucieux de la vision des auteurs (les coupes claires dans un documentaire sur Hitler, c'est lui).

Deuxième étape: calibrer le produit. Storch n'aime pas les séries "feuilletonnantes" (il s'étonne du succès de Grey's Anatomy), il a remarqué que les succès du moment aux USA visent les jeunes (ça alors!), intègrent des éléments de SF/fantistique au quotidien (Heroes), ont des personnages attachants (la découverte!) et, grosso modo, sont artistiquement convaincantes. Pour notre série française de 52' parfaite, nous pouvons donc aller plus loin que je ne l'imaginais: la SF et l'action, c'est ok! Lancez-vous! Mais attention, pas de "space opera". Il faut être proche des préoccupation des gens, mais en "bigger than life". Sans oublier le budget français, c'est à dire où le seul effet spécial, c'est le scénario.

Reste à espérer que Storch, en bon connaisseur des séries US, se rende compte que la copie carbone version française ne "marchait" pas (RIS fait bien de l'audience, mais fait-elle des heureux?). J'veux dire, réfléchissons trente secondes: si les gens regardent RIS (parce qu'il n'y a rien d'autre) sans plaisir, comment les publicités qui y sont intercalées peuvent-elles atteindre des cerveaux disponibles? Au contraire, la série déteindra négativement sur la publicité, les cerveaux seront plein d'ondes négatives, et ça c'est mauvais pour Procter & Gamble. Malheureusement, le succès mondial des adaptations de "Yo Soy Betty la Fea" (Le Destin de Lisa, etc...) lui font probablement penser le contraire. Qu'une adaptation française d'un truc étranger ferait un carton? Comme on dit dans ces cas-là: "il va se lasser".

Troisième étape du plan: viser l'exportation. Une série française coûte cher et rapporte peu à son diffuseur. L'exportation peut donc renflouer les caisses. Pour une bonne exportation, pas trop de références culturelles, des épisodes en suffisance - et rapidement (on n'exporte pas 12 épisodes...), et des thèmes universels. Le sexe, l'amour. Les problèmes de cœur, aussi. J'ai déjà dit, les romances? La série française la plus exportée c'est "Sous le soleil". Vous voyez le tableau. L'avantage des 52' c'est qu'ils s'exportent facilement. Les 90' ne trouvent leur place qu'en France.

Quatrième étape: ajouter une pincée de créativité. Je ne perds pas de vue notre objectif initial: créer une série agréable malgré toutes les contraintes. On n'est pas là pour refaire Julie Lescaut. Soyons un peu fou.

Si on regarde les video des teasers de toutes les séries "made in TF1", sur www.tf1.fr, on remarque de grandes similarités entre elles. Le genre policier, presque systématiquement. Père et maire fait exception. Même Soeur Thérèse.com, c'est du policier. Le héros est toujours centré sur son métier. A croire que la carrière professionnelle est le centre de la vie. La scène est toujours la même: un crime, les flics (avec l'obligatoire brassard orange) se pointent, font des commentaires plats sur les circonstances et/ou les preuves, et ensuite il ne leur reste plus qu'à remonter la piste... Mouarf. On va simplement s'interdire de faire appel aux flics. Juste pour le plaisir.

Voilà. On a rassemblé tous les éléments. Reste plus qu'à constituer le puzzle.

Notre série de 52' "parfaite", elle n'existe pas. Ouh, la fin décevante. Soutenir le suspense si longtemps sans donner une solution toute faite, c'est criminel. Je sais. Mais avouez que j'ai donné quelques éléments de réponse. On sait déjà que la série ne mettra pas en scène un flic (ou assimilé: procureur, détective, avocat...), qu'elle aura un "twist" SF/fantastique soft (genre, l'homme cyborg, ou le gars qui voient dans le futur, qui lit dans les esprits), mais qu'elle s'intéressera aussi aux préoccupation des jeunes: sexe, amour, romance, on connaît la chanson.

03 mars 2008

Intermède compétitif

Avant de repartir à la recherche de la série de 52' parfaite pour une chaîne comme TF1, arrêtons-nous un instant sur le Conservatoire Européen d'Ecriture Audiovisuelle. C'est une école de scénaristes, située à Paris, où l'on entre sur concours. Et, justement, le sujet de l'année vient de tomber.

Il s'agit d'écrire un synopsis sur base de l'argument suivant: un couple est en vacances dans un club, quand soudain l'un des deux tombe sur la personne qu'il appréhende le plus de voir.

Remise des copies avant la fin du mois.

Je joue avec (attention, ça coûte 40 euros, quand même...) !

Si vous comptez pas vous inscrire mais que vous avez l'idée du siècle, soyez sympa, laissez un commentaire ;-)