12 avril 2009

Réapprendre

Je profite de la trêve pascale pour me relancer dans l'écriture d'un long métrage, et là, horreur, je me retrouve tout nu face à la page blanche. J'ai tout oublié! A force d'écrire pour la télé, dans des formats courts, de faire de pitches de séries de 26 minutes, je suis complètement à côté de la plaque.

Des personnages avec un arc riquiqui? Une seule intrigue? Mais c'est le Pérou! Comment je faisais, avant? Comment je tenais la distance sur 110 minutes? Il faut tout réapprendre. Et c'est là qu'on se rend compte que le cinéma et la télé sont deux bestioles vraiment différentes.

Le truc qui bloque, c'est la peur d'avoir un "niveau de télé" pour le cinéma. Clair que sur grand écran, on n'a pas droit à une Seconde Chance et que la Vie n'est pas plus belle. Du coup, tous les dialogues paraissent subitement artificiels. Les intrigues ont l'air de grosses ficelles - de gros câbles, en fait. Toutes les habitudes de la télé ressortent enfin pour ce qu'elles sont: de mauvaises habitudes et des passe-droit de bas étage.

Mais c'est énervant de faire face à ce mur, parce que s'il y a bien un obstacle auquel je ne m'attendais pas, c'est celui là. J'ai commencé l'écriture par le long métrage. Il fut même une époque où je ne jurais que par lui (avant de découvrir que l'argent se trouvait dans la télé). Et maintenant, mes vieux réflexes se sont émoussé. Merde alors, moi qui croyait que c'était comme le vélo, que ça ne s'oubliait pas, me voilà gros Jean comme devant.

En fait, il faudrait que je relise les conseils bien théoriques qui firent les beaux jours de ce blog... Ils trouveraient probablement là leur utilité première: un aide mémoire au cas z'où... Et bien maintenant c'est le cas zou!

De quoi ça parlait, encore? Les 3 actes, oh misère! Les personnages multi-dimensionnels! Quelle galère! J'ai suivi le vieil adage: "oubliez la théorie une fois que vous l'aurez apprise". Après coup, je confirme que c'est un très mauvais dicton qui n'est d'aucune aide!

L'avantage de toute cette situation c'est que je retrouve la fraîcheur de mes 16 ans. L'envie d'écrire revient petit à petit, rajeunie et innocente, purgée des horreurs que je lui ai fait subir. C'est comme un coureur cycliste qui se serait dopé à l'amphète bas de gamme et qui reviendrait après une longue retraite forcée. On n'en attend plus grand chose, sinon un miracle.

Prions pour que le miracle ait lieu.

La première condition sine qua non est déjà remplie: dieu merci, j'écris!